Edité le 3 novembre dernier en Blu-Ray à l’occasion de son 25ème anniversaire, la saga « Retour Vers le Futur » a traversé l’épreuve du temps avec tant de facilité qu’elle ne peut que susciter notre admiration. Habile mélange de comédie, d’aventure et de science-fiction, les bases de cette célèbre trilogie étaient brillamment posées dès le premier opus.
SYNOPSIS
En 1985, dans la petite ville d’Hill Valley en Californie, le jeune Marty McFly (Michael J. Fox) mène une existence paisible auprès de sa petite amie Jennifer (Claudia Wells), seulement troublée par sa famille en crise et un proviseur particulièrement tyrannique. Ami du Docteur Emmett Brown (Christopher Lloyd), il l'accompagne un soir sur le parking d’un centre commercial pour filmer sa dernière découverte scientifique : un voyage dans le temps via une DeLorean modifiée et fonctionnant au plutonium. Mais la présentation tourne mal : des trafiquants d'armes débarquent et assassinent le scientifique. Marty se réfugie dans la voiture et se retrouve transporté trente ans dans le passé, soit en 1955. Malheureusement, en empêchant malgré lui la rencontre de ses futurs parents, il provoque une réaction en chaîne qui bouleverse le continuum espace-temps et risque de réduire à néant sa propre destinée. A l’aide du jeune Dr Brown, il va donc tenter l’impossible afin de remettre ensemble ses parents mais aussi de réintégrer sa propre époque…
PRODUCTION
Lorsqu’en 1980, Robert Zemeckis et Bob Gale travaillent conjointement sur l’écriture de « Retour Vers Le Futur », ils partent d’un « noyau » affectif, auquel le public peut aisément s’identifier, et autour duquel s’articule une intrigue particulièrement complexe. Zemeckis, réalisateur des trois films, décrit ainsi l’idée de départ «Quand vous étiez gamins, vos parents vous ont sans doute raconté combien la vie était dure pendant leur enfance ? Les 20 kilomètres qu’il fallait parcourir à pied tous les jours pour aller à l’école, ou les devoirs qu’ils faisaient sur leurs genoux ? Ce serait intéressant de remonter le temps pour voir s’ils ont vraiment vécu cela, non ? ». S’exprimant sur le concept de base de l’un des mécanismes clés du film, le co-scénariste et producteur Bob Gale ajoute « on a souvent du mal à imaginer que son père est allé au lycée et que sa mère est sortie avec d’autres garçons, mais il faut bien se rendre à l’évidence en voyant les photos dans les annuaires de fin d’année ».
Dans ce contexte, le scénario propose de renvoyer un adolescent des années 1980 en 1955 pour découvrir les jeunes années de ses propres parents. D’une manière plus général, l’histoire permet de revisiter une époque particulière des Etats-Unis où la culture adolescente commence à se développer, accompagnée des prémices du Rock ‘n’ Roll et de l’expansion des banlieues résidentielles.
Malgré son concept de base particulièrement séduisant, le script développé par les deux amis peine à intéresser les Studios Hollywoodiens. Zemeckis et Gale reçoivent ainsi une quarantaine de lettres de refus pour produire leur film dont une provenant directement de Walt Disney Pictures. Pour ce dernier studio, la relation mère (1955)/fils développée dans le scénario pourrait en effet paraître quelque peu « incestueuse » aux yeux du public. Il fallut finalement attendre près de quatre années avant que les deux hommes ne puisent concrétiser leur film, le temps en réalité que la carrière de Zemeckis ne s’envole et que Steven Spielberg ne vienne appuyer le projet à l'aide de sa propre compagnie Amblin. Comme les « Gremlins » (1984), le premier gros succès du studio, « Retour vers Le Futur » se réalise en coproduction avec Universal, dont le patron Sid Sheinberg s’avère particulièrement directif. Beaucoup de consignes plus ou moins justifiées sont ainsi données pour modifier le script original. C’est notamment dans ce contexte- que « Back To The Future » faillit se nommer « The Spaceman from Pluto » (une référence à la bande dessinée lu par l’enfant rencontré dans une ferme en 1955). Fort heureusement, le soutien de Steven Spielberg aux deux scénaristes permit finalement de conserver le titre original et d’amorcer la production du film.
Du côté du casting, des difficultés sont également rencontrées. Michael J. Fox est en effet très rapidement envisagé pour interpréter le jeune Marty McFly. Malheureusement, sa participation à la série télévisée « Family Ties » (qui durera 176 épisodes entre 1982 et 1989) ne facilite pas l’organisation du tournage. Les producteurs se reportent finalement sur Eric Stoltz. Toutefois, après seulement quatre semaines de tournage à la fin de l’année 1984, les deux associés juge que son jeu de l’acteur n’est pas vraiment adapté à l’état d’esprit du film. «Ce n'était tout simplement pas assez drôle », a récemment déclaré Bob Gale. « Eric est un grand acteur, mais il est plutôt un acteur dramatique qu'un acteur comique, et je crois qu'il savait peut-être lui-même qu'il ne convenait pas au matériel.» Finalement, la production se redirige vers Michael J.Fox qui parviendra à raison de deux à quatre heures de sommeil par jour, à concilier le tournage de « Retour Vers Le Futur » et de sa propre série. Ce choix s’avérera finalement très judicieux. L’acteur formera un excellent duo avec Christopher Lloyd, choisi pour le rôle de « Doc » et principalement connu à l’époque pour « Taxi Driver » (1976) et « Star Trek III » (1983). Enfin, le reste du casting est majoritairement constitué de jeunes acteurs alors inconnus qui seront vieillis pour les besoins du film.
Tourné au sein des célèbres studios Universal à Los Angeles, le film bénéficie de décors particulièrement soignés. Un important travail est notamment fourni pour distinguer Hill Valley en 1985 et 1955. « Les modifications que nous avons apportés à la place principale sont les mêmes que celles qui se sont produites dans de nombreuses petites villes au cours des trente dernières années… les boutiques florissantes sont parties s’installer dans des centres commerciaux de banlieu, et le centre-ville a périclité et s’est détérioré » explique Larry Paull, chef décorateur du film.
Après un tournage particulièrement difficile comme l’admet aujourd’hui le réalisateur Robert Zemeckis, l’équipe du film travaille activement à la post-production pour pouvoir sortir « Back To The Future » pour la fête d’indépendance. Le compositeur Alan Silverstri est choisi pour réaliser la bande originale du film. A la demande du réalisateur, Silversri ne signe pas une musique électronique comme le voulait la mode du moment mais une partition classique censée illustrer « une histoire d’aventure traditionnelle ». L’orchestre composée de 80 à 85 instruments compose une musique grandiose qui évoque parfaitement le temps et le tic-tac d’une horloge. Enfin, Huey Lewis and The News signent quelques chansons pop-rock qui marqueront les année 1980.
9 semaines ½ après la fin du tournage, « Retour Vers le Futur » sort aux Etats-Unis le 3 juillet 1985 et remporte un franc en se plaçant en tête du Box Office juste devant « Rocky IV ». Les recettes mondiales atteignent ainsi 351 millions de dollars pour un budget initial estimé à 19 millions. Face à cette réussite, une suite commandée par Universal et toujours dirigée par Bob Gale et Robert Zemeckis est rapidement mise en chantier…
LE VOYAGE DANS LE TEMPS
Pour le voyage à travers le temps, le film s’inspire directement de « The Time Machine » d’H.G. Wells auquel George Pal consacra une adaptation cinématographique en 1960 (voir la chronique dédiée à ce film). Le roman postule notamment qu’un voyage temporel est limité par l’espace. C’est dans ce contexte que Marty McFly visite des versions alternatives de sa propre ville, Hill Valley (1955 dans cet opus).
Ensuite, l’originalité même de « Retour Vers le Futur » est d’avoir fait de la machine à voyager dans le temps non pas un caisson, comme il l’était prévu à l’origine, mais une véritable voiture : la DeLorean. Ce véhicule, désormais entrée dans la légende du septième art, se distingue notamment par ses portes papillons et sa carrosserie en acier inoxydable.
Sur un plan strictement scénaristique, Bob Gale et Robert Zemeckis ont fait d’importants efforts pour crédibiliser les voyages temporels. Ainsi, dans le film ces derniers ne s’effectuent que si deux conditions sont simultanément remplies : le convecteur temporel doit être rechargé en énergie et la voiture doit se déplacer à la vitesse de 88 miles par heure (141,62 km/h). Ces deux éléments sont indépendants l'un de l'autre. Le moteur est alimenté par de l'essence ordinaire, le convecteur temporel nécessite une puissance de 2,21 gigawatts (1,21 dans la version originale) pour fonctionner. Il est alimenté tout d'abord par du plutonium puis, après les modifications apportées par Doc en 2015, grâce à de simples détritus.
Visuellement abouti, sans usage abusif d’effets spéciaux, le voyage dans le temps sert finalement surtout à poser un contexte pour dans un second temps s’attarder sur les personnages, c'est-à-dire le côté humain du film.
ANECDOTES
*Le moniteur de la Delorean avec ses indicateurs rouges, verts et oranges fait directement référence à celui de la « Machine à Explorer le Temps » (1960).
*Christopher Lloyd a conçu son personnage comme un mélange d'Albert Einstein et du chef d'orchestre Leopold Stokowski (le petit homme survolté qu'on voit au début de Fantasia)
*A l'origine, la tombée de la foudre sur l’horloge de l’Hotel de ville en 1955 ne devait pas intervenir dans « Retour Vers le Futur ». La fin du film devait en effet se dérouler au Nevada sur une zone d'essais nucléaires. C'est d'ailleurs une explosion atomique qui permettait à Marty de revenir dans le présent. Le tournage de ces séquences avait été évalué à 1 million de dollars. Mais des coupes dans le budget, ramené de 21 à 19 millions, obligèrent l'équipe à tourner le film entièrement au sein des studios Universal.
*Huey Lewis, le chanteur des principaux thèmes de « Retour Vers Le Futur » (notamment « The Power of Love ») incarne le membre principal du jury qui auditionne le groupe de Rock de Marty au début du film.
*Vu dans « Le Fantôme du Bengale » (1996) et « Titanic » (1997), Billy Zane fait ici ses débuts à l'écran, dans le rôle de Match, l'un des voyous du gang de Biff Tannen.
*Le Frère de Marty McFly, Dave, est interprété par Marc McClure, plus connu pour son rôle de Jimmy Olsen dans la saga Superman avec Christopher Reeve.
*Dans le 16ème épisode de la saison 2 de « Fringe » qui se déroule dans un monde parallèle, les spectateurs les plus attentifs pourront voir deux "observateurs" sortir d’un cinéma diffusant « Retour Vers Le Futur ». Dans cet univers alternatif, Marty McFly est bien joué par Eric Stoltz et non par Michael J. Fox !
CONCLUSION
Un quart de siècle après avoir été projeté en salles pour la première fois, « Retour Vers le Futur » s’avère toujours aussi « frais » et agréable à regarder. Doté d’une réalisation soignée et dynamique, ce film qui aurait pu être une simple comédie pour adolescents s’est littéralement érigé parmi les films les plus marquants de la Science-Fiction. L’idée même de présenter une même ville à travers deux époques différentes s’avère tout simplement géniale. Il en est de même pour la rencontre de Marty avec ses propres parents en 1955. Enfin, le duo Michael J. Fox/Christopher Lloyd est particulièrement irrésistible et nous livre de nombreuses répliques désormais devenues cultes.
Plus généralement, ce mélange d’humour, d’innocence et d’effets spéciaux séduira probablement encore de nombreuses générations.
Bande annonce originale :
Retour vers le Futur : Bande-Annonce [VO]
Extrait d’un documentaire Blu-Ray du film avec des images d’Eric Stolz dans le rôle de Marty :
Retour Vers Le Futur - Eric Stoltz as Marty McFly [VO-HD]
Clip vidéo du film :